Jean-Pierre Tiffon coaching

Curieux enchainement de situations.

En quelques jours, coup sur coup, plusieurs hommes ont osé montrer leur part sensible, ou comme le dit mon ami Bernard, leur part féconde.

Le premier est un ancien champion de sports mécaniques. Le visage taillé à la serpe, les épaules larges et tendues, le regard perçant, il est aussi un manager hors pair et bouillonnant d'idées. Et le voilà désormais épris d'équitation. Alors, quand il s'est retrouvé à diriger un cheval en liberté, on s'attendait à ce qu'il impose son autorité avec force et détermination. Tout au contraire, il a imposé ses mains, sur l'encolure, sur la tête puis sur le dos d'un cheval gris d'ordinaire piaffant d'impatience et là se relâchant à mesure que le contact des mains se prolongeait. Interrogé sur l'expérience qu'il venait de vivre et sur l'enseignement qu'il en tirait pour son projet équestre et son orientation de vie, il répondit simplement : je dois passer de boxeur à danseur. Jolie formule et joli projet.

48 heures plus tard, l'un de mes clients, directeur d'une grande région d'une grande banque fit comme il dit son "coming out". Devant son comité de direction, rassemblé en séminaire, il avoua le stress qu'il vivait à cause d'échanges houleux avec sa direction générale. Il dit sa difficulté à supporter de telles tensions et confia sa solitude en de telles circonstances. Face à ses subordonnés il posa l'armure, il se désenmurra. Loin de provoquer le doute chez ses subordonnés, son attitude suscita un regain de confiance. Tous se mirent à parler avec plus de franchise et moins de pudeur. Plus franches, leurs relations devinrent plus solides.

Un autre dirigeant, fondateur de son entreprise nantaise était désireux de déléguer des responsabilités à ses deux n-2. Ce qu'il fit. Au lieu de provoquer la dynamique collective qu'il escomptait, cette transmission de pouvoirs fut synonyme de conflits, de tensions, de heurts. Il finit par voir dans ces attitudes une envie de tuer le père. Or, il ne souhaitait pas se retirer complètement. Alors, il fit appel à une femme coach qui les entraina chacun à leur rythme sur le chemin dune meilleure connaissance d'eux mêmes et d'une plus grande acceptation des différences des autres. Et le voilà qui m'annonce tout sourire, qu'après quelques mois, il découvre à quel point l'état d'esprit de l'entreprise a changé. En osant se parler avec franchise et dans le respect de leurs différences, les trois dirigeants ont pacifié leurs relations et tout le personnel s'en est trouvé plus à l'aise.

La quatrième histoire d'homme de cette quinzaine automnale, celle d'un jeune sportif. Il vivait une période d'échecs, de déconvenues, de doutes de plus en plus destructeurs. Alors, à l'entrainement comme en compétition, il avait décider de donner le meilleur de lui même, d'y aller en force, de se surpasser, de puiser en lui du courage et de la puissance. Il avait décider de s'imposer comme un homme doit le faire. Plus il agissait ainsi, plus il s'enfonçait dans l'échec et le doute. Or, un détail m'avait intrigué, il aimait ou mieux encore il adorait la musique. Dès qu'il avait un instant, il se retrouvait un casque sur la tête à chanter comme ses chanteurs préférés, des rappeurs. Mais cette part sensible, cette part créative, ne lui semblait pas facile à assumer sans son sport, alors il la cachait. Il vivait dans deux mondes celui du physique avec le sport, celui de l'esprit et de la sensibilité avec la musique. Je lui suggérais un essai, un test juste pour tenter quelque chose de nouveau : d'intégrer la musique à ses entrainements et de choisir quelques morceaux préférés pour accompagner ses compétitions. L'essai a marché au delà de tout espoir, après deux semaines d'entrainement en musique, il a gagné la compétition suivante.

Jeunes ou plus anciens, assumer sa part sensible rendrait-elle les hommes plus féconds ?