Jean-Pierre Tiffon coaching

L’homme approche la cinquantaine. Il agit comme commercial dans un grand groupe agro-alimentaire. Sa vie professionnelle marche plutôt bien même si son stress et ses tensions sont devenus visibles pour ses collègues. D’ailleurs, l’un des objectifs qui lui est assigné en ouverture du stage par son jeune patron est simple : apprendre à lâcher prise, à prendre du recul. Un stage que notre commercial approche avec un peu de réticence. « Être 2 jours en relation avec des chevaux », qu’est ce que les formateurs ne vont-ils pas inventer, mais surtout quel rapport avec son job ?

Pourtant, dès le matin, notre commercial se voit en train de raconter un souvenir d'enfance : jusque 7 ans, il allait souvent à la ferme de son grand père et y retrouvait un grand cheval de trait. Et puis, au fil des heures, en contact avec les chevaux, les traits du visage de notre commercial se détendent. Au milieu du manège sa démarche est plus lente et plus souple. Il accompagne le cheval qui trotte en liberté avec une sorte de grâce. Aux longues rênes, il guide sans à coup, dans la fluidité, dans un lien subtil avec la cheval gris qui le précède. Puis vient le moment final, la carte blanche laissée aux stagiaires pour vivre un temps de liberté avec le cheval de leur choix.

Et notre commercial lâche vraiment prise : des mouvements discrets permettent de faire prendre le galop à son compagnon équidé ou de revenir au trot ou au pas. Le lien entre les deux semblent établi depuis longtemps. Ses collègues en sont bluffés et valorisent celui qu’ils voient là, si différent du quotidien.

Et quand je lui demande ce qui explique ce changement d’attitude, ce relâchement si efficace dans la communication avec l’animal, il répond simplement : « là, je suis dans mon élément ».

Et il poursuit. Il y a en lui une envie, une passion, une nécessité venue de l’enfance : être au contact quotidien des animaux. Dans son œil, il y a cette lumière qui dit que la flamme s’est rallumée. À côté ou à la place de son job de commercial, une nouvelle vie s’annonce avec certitude.

Longtemps je me suis demandé comment savoir si l’on est fait pour tel ou tel job. Depuis plusieurs années, j’ai trouvé un critère simple, juste à tout coup. Quand je me sens à ma place, quand je sens que ce je fais est facile, quand tout s’enchaine simplement, que les gestes ou les mots viennent au bon moment, que le plaisir à être là se voit, alors c'est qu'on est fait pour cela, à ce moment là.

Désormais, je résumerai ainsi : «je sais que je suis fait pour un job, quand je suis dans mon élément ».