Le temps de construire des sportifs durablement performants
Le temps de « faire un Homme »
À observer et à accompagner de jeunes sportifs depuis 4 ans, des cavalièr(e)s pour la plupart, je constate que l’on ne prend plus le temps de la construction.
L’impératif est de réussir et de réussir vite.
Il n’est plus rare de voir des gamines de 11 ou 12 ans franchir des obstacles bien plus hauts qu’elles. Championnes de France à 12 ans, elles s’impatientent de faire les Europe Poney à 14 et veulent une dérogation pour faire les Europe Junior à tout juste 15 ans. Quelques cavalières exception, réellement très précoces, sont devenues la norme à force d’être promues sur les réseaux sociaux. Toutes les autres doivent se conformer à cette nouvelle norme sociale. Et celles qui progressent à pas plus lents se sentent parfois ridicules ou anormales.
Pourquoi devrais-je m’inquiéter du phénomène ?
Car pour les coachs mentaux ou les psychologues c’est du pain béni. Confrontées trop vite et sans les bases techniques suffisantes à des épreuves trop techniques pour elles, les jeunes championnes en herbe se font peur, commencent à angoisser et pétries de stress agressent leurs parents. Les demandes vers les psys et autres collègues affluent. Un peu comme les cliniques vétérinaires se peuplent de chevaux que l’on a confronté trop tôt et sans la construction nécessaire à des épreuves trop nombreuses et difficiles.
Mes amis canadiens, confrontés aux mêmes phénomènes ont été sollicités par les fédérations sportives. À la canadienne, ils ont fait échanger entre eux des entraineurs, des parents, des jeunes, des médecins, des psychologues pour fixer un nouveau cadre collectif. L’ambition nouvelle : « construire des sportifs durablement performants ». Avec quelques principes simples mais rigoureux. Pratiquer plusieurs activités sportives complémentaires pendant la construction physique du jeune. Ou pour le dire autrement interdire la spécialisation avant un certain âge. Autre principe : limiter la participation aux compétitions pendant la construction psychique du jeune et privilégier les entrainements et l’acquisition de bases techniques.
Autrefois, les anciens parlaient du temps nécessaire pour "faire un homme". Il serait certainement utile de nous poser ensemble pour définir, comme nos amis canadiens, le bon chemin pour construire des jeunes sportifs durablement performants. Et des adultes bien dans leur physique et dans leur tête.
Il serait en effet dommage d’avoir des centaines des champions à 12 ans et aucun à 25 ans.
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