Jean-Pierre Tiffon coaching

Jean-Pierre Tiffon coaching

Sortir des rails

Gamine, elle a aimé follement les chevaux, les poneys et l'ambiance si chaleureuse de son club hippique. Adolescente, elle y a passé ses journées, ses vacances, ses soirées. Ses amies se retrouvaient toutes là avec elle. Et puis la vie a passé. Elle a choisi de devenir institutrice et a aimé son métier. Elle a mis du temps pour avoir elle même des enfants, deux filles qu'elle a protégé comme la prunelle de ses yeux. Et la vie a passé. Une vie toute tracée. Des enfants qui grandissent, un premier appartement, puis un autre, puis un troisième toujours dans cette même ville de l'ouest parisien où souvent des enfants devenus grands l'interpellent dans la rue. Et la vie continue ainsi. Tranquillement.

Il y a 10 ans, une journée de vacances dans le sud elle décide de se remettre en selle dans un petit club saisonnier. Une fois, deux, cinq et son plaisir revient. La fois suivante, la gérante lui propose une ballade sur un cheval qu'elle ne sent pas. Et vient la chute, le trauma crânien, l'épaule cassée et des douleurs qui vont durer des mois, voire des années. Finie l'escapade, l'envie de ballade, le plaisir des chevaux. Et sa vie reprend.

 

Ses dernières années professionnelles vont s'achever sans plaisir, car c'est dur d'être seule face à sa classe depuis plus de 35 ans. Un jour elle en a fini. Son mari continue lui de bosser quelques années. Elle attend que ses filles deviennent mère pour à nouveau se sentir utilement occupée. Et la vie avance, sur des rails droites et alignées. Et vient l'insupportable. À peine retraité, son mari part et la quitte pour une autre qu'elle n'a jamais imaginé. Sa vie explose, elle déraille. Du temps est nécessaire, encore du temps pour se construire elle qui croit que tout ce qui comptait est à jamais détruit.

 

Et voilà qu'un samedi de Janvier, elle se retrouve en selle sur un beau cheval gris. Un cheval doux, souple, moelleux. L'odeur des crins et de sa peau grisée réveille sa passion d'enfance et d'adolescence. Elle est un peu crispée mais joyeuse au fond d'elle. Le lendemain, elle remet cela gaiement. Elle ose le trot assis, le trot enlevé et passe même au galop. L'assiette est bonne, comme revenue de nulle part. Elle savoure, elle déguste, elle reprend un peu vie.

 

Du déraillement de se vie s'ouvre une autre perspective : reprendre à son compte et pour elle, ces plaisirs d'antan qu'elle avait remisé au pus profond d'elle même. Elle avait fini par les oublier. Ils sont revenus en surface, intacts et scintillants. Vivent les crins d'argent.

  



28/01/2016
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