Jean-Pierre Tiffon coaching

Le père de Carla se confie : « Je suis inquiet pour ma fille. Depuis son titre européen, elle n’a plus de motivation sportive et c’est pareil au lycée ».

Le jeune cavalier confie les larmes aux yeux : « Depuis notre médaille d’or en équipe, les différentes compétitions me semblent fades et insipides».

Quand je lui parle des cas de ces jeunes,  un « vieux » cavalier mondialement titré ose me le dire: « Après ma médaille d’argent individuelle aux mondiaux, ma vie a basculé. Un divorce, une démotivation sportive. Il a fallu que j’aille voir un médecin du sport de mes amis pour comprendre : je n’étais pas une exception. De nombreuses dépressions suivent un titre».
Il ajoute que gravir la montagne jusqu’au sommet, jusqu’au titre, a été long, difficile.

C’était dur et la pression du regard des autres était violente. Alors, arrivé en haut de la montagne il a pensé que ce serait le bonheur. Et il découvre que la vie est la même que celle de tous les jours, ni meilleure, ni pire. Tant de sacrifices pour découvrir cela. C’était sa leçon de vie.

Alors, pour l’accompagnateur de sportifs que je suis, se posait une nouvelle question : faut-il aider les athlètes à anticiper l’après-victoire ou les laisser dans l’illusion des lendemains qui chantent ?

Le hasard voulut que je déjeune quelques jours après avec des amis pédopsychiatres et psychanalystes. Illusions et blessures narcissiques furent au menu, avec cette observation plus l’illusion est grande, plus la blessure risque d’être profonde.

Être à l’écoute et vigilant avant et pendant les grandes échéances, accompagner le long parcours vers le sommet, telle est bien évidemment la mission du coach. Aider à vivre pleinement le bonheur du chemin accompli par le sportif est aussi un moment essentiel.
Redoubler de vigilance et ouvrir encore mieux ses écoutilles après les triomphes, ne pas s’enivrer du succès : voilà un enseignement pour moi et mes accompagnements.

Après les médailles, la vie se relance encore et encore.